Alors que j'étais journaliste à l'Est-Vaudois, depuis le 1er janvier 1973, M. Reymond m'appelait parfois, les mardis et jeudis en fin d'après-midi, pour me demander si je pouvais donner l'entraînement à sa place à Montreux, dans la piscine couverte de l'Hôtel Excelsior. C'était tout près de la rédaction, et il m'arrivait de dire que j'étais disponible. Les enfants étaient transportés depuis Vevey par un bus du club, et je donnais l'entraînement.
C'est la raison pour laquelle je me suis tourné vers cette activité lorsque, à la fin de ma formation de journaliste, je me suis retrouvé dans l'obligation de quitter mon poste à l'Est-Vaudois (en fait, j'avais décidé de ne pas y rester, mais j'avais des difficultés à trouver quelque chose sur la Riviera en raison de la crise de la presse due au 1er choc pétrolier). J'ai demandé à M. Reymond s'il était d'accord de proposer au club de m'engager quelques mois comme entraîneur assistant, et le comité a accepté (en fait, le comité n'aurait pas été contre une volonté de M. Reymond !).
J'ai donc débuté comme entraîneur assistant de M. Reymond au Vevey-Natation le 1er janvier 1975. Dès les premières semaines, je reprends tous les groupes d'entraînement sauf les Elite. M. Reymond, dont l'entreprise de transport par camions ne fonctionne plus "toute seule" comme par le passé, est obligé de consacrer plus de temps à son activité professionnelle. Je suis proche de lui, en particulier parce que mon bureau technique est installé dans le siège de son entreprise, à la rue Ste-Claire 9. En haut de cette rue se trouvait une grande cour, où étaient rangés les camions de l'entreprise de transport Reymond & Cie que géraient les deux frères Henri et Hippolyte Reymond.
Dans les années suivantes, mon rôle est devenu plus important au sein du VN, et j'ai reçu formellement la fonction de Directeur technique au début des années 1980. Cela signifiait que j'étais responsable de tout le fonctionnement technique du club, hormis ce qui concernait strictement le groupe Elite géré par M. Reymond. Cela a occasionné quelques tiraillements, devenant de plus en plus nombreux à partir de 1981, année où le VN organise les Championnats suisses et où je me heurte à plusieurs reprises à mon entraîneur-chef. C'est aussi l'époque où j'estime que M. Reymond n'a plus le temps nécessaire pour assurer un suivi professionnel à des nageurs qui font d'énormes sacrifices pour venir tous les jours à l'entraînement.
Alors que les bringues entre lui et moi deviennent visibles pour les nageurs, nous finissons par établir un gentlemen's agreement faisant de moi, à partir de fin 1984, l'entraîneur-chef du Vevey-Natation. Dans les faits, cela ne change pas grand chose durant quelques années encore, puisque M. Reymond continue à s'occuper exclusivement des nageurs élite qu'il avait auparavant. Lorsque ceux-ci arrivent en fin de carrière, il s'efforce d'en recruter d'autres, soit dans mes groupes (ce que je n'apprécie guère !), soit dans d'autres clubs. C'est ainsi que Patricia Brülhart et Patrick Ferland arrivent en 1987 au VN, juste à temps pour ranimer le groupe Reymond et donner une nouvelle aventure olympique au VN.
Après les JO de Séoul et le départ du VN des deux nageurs sélectionnés, M. Reymond cesse d'avoir un groupe à lui et je suis dorénavant responsable de tous les groupes du VN. Je donne le lundi, mercredi et vendredi l'entraînement de 16h à 20h30, le mardi de 17h à 20h, le jeudi de 17h à 19h, et le samedi de 10h à 12h. A cela s'ajoutent environ 40 week-ends par année occupés par des compétitions. Mon salaire mensuel net est de Fr. 1'250.-, après avoir débuté en 1975 à Fr. 1'000.-.
Pendant quatre ans, je peux restructurer quelque peu le club, en parallèle avec d'autres modifications qui interviennent à la même époque: développement de l'Ecole de Natation, arrivée de la Natation-pour-Tous et des Seniors, irruption de l'Aqua-Gym, création d'une filière B pour les nageurs non-licenciés. Je suis également épaulé par des assistants successifs: Laurent Thévenin, Boris Abbet, Christophe Nicolet.
En 1990, deux triathlètes ont commencé à nager avec nos groupes: Philippe Moraz et Laurent Vouilloz. Je me rends compte que ce dernier a des compétences pour l'entraînement et un bon contact avec les nageurs. Comme j'envisage, en raison de la surcharge de ma vie professionnelle et politique, d'abandonner mes fonctions d'entraîneur, je propose à Laurent d'être mon assistant durant la saison 1992-93, au terme de laquelle il pourrait me succéder.
Laurent accepte, il joue parfaitement le jeu durant cette année, et j'arrive à convaincre le comité et l'assemblée du Vevey-Natation de le désigner comme mon successeur, à partir de septembre 1993.
C'est à cette date que je quitte mes fonctions d'entraîneur. Mais je demeure Directeur technique du Vevey-Natation et, à ce titre, je dirige la planification et le fonctionnement du club. A la fin de la décennie, je peux laisser une large autonomie à Laurent Vouilloz dans la planification, car il a fait la preuve de sa compétence pour préparer les nageurs pour les rendez-vous importants. Durant cette période, il m'arrive encore de donner des coups de main au bord du bassin, en particulier pour la préparation des Universiades de 1997, pour lesquelles je donne l'entraînement à Yves Platel fin août durant les vacances de Laurent Vouilloz.
Je fais encore un ultime "come-back" en tant qu'entraîneur en 2006, à l'occasion des Jeux internationaux des écoliers à Bangkok. Pour cette compétition polysportive, la Riviera envoie une délégation comptant une douzaine de nageurs. Avant même de connaître le résultat des élections communales, j'avais annoncé que je désirais accompagner la délégation (dont mes enfants Léandre et Garance faisaient partie) en qualité de Municipal veveysan. Le fait que je sois élu comme Syndic en juin et que j'entre en fonction début juillet ne change rien pour moi.
Comme c'est à fin août et que les entraîneurs du VN ne sont pas disponibles, je me mets à disposition pour remettre les nageurs en forme après les vacances d'été. Je donne donc deux semaines d'entraînement à Vevey, puis je fonctionne comme entraîneur à Bangkok avec l'équipe. C'est pour moi un grand plaisir, et j'ai le sentiment que j'arrive à redonner confiance à certains nageurs qui étaient un peu découragés par l'entraîneur alors en place au VN.